Ou comment créer une zone de confort, s’y accrocher et rater son épanouissement de manager pour l’insatisfaction générale.
C'est humain, quand on se sent bien, on s'installe et on crée un environnement convenable. On protège le tout des agressions éventuelles et... on s'accroche comme une moule à son rocher.
La moule s'accroche au rocher
Quand on commence comme manager parce qu’on est un super technicien, on a tendance à reproduire des méthodes.
Celles simplement connues en tant que managé. Ou celles appliquées par les autres managers. Ou encore celles lues dans les différents ouvrages.
On s’inspire de ce qui semble fonctionner et on en fait SA méthode de management.
Et ça marche : résultats et performances sont au rendez-vous.
Les indicateurs sont au vert comme pour la moule qui a trouvé son rocher. Il est bien positionné, parfaitement orienté. Un juste équilibre entre eau et air, pas trop loin du rivage. Même les goélands passent à côté sans la moindre tentative de plongeon-piqué. La moule est à juste hauteur pour superviser sable et embruns.
La moule s'accroche un peu plus au rocher.
La taille de l’équipe évolue. De deux ou trois collaborateurs, vous passez à une équipe beaucoup plus importante. Vous la répartissez peut-être en différents départements.
Le fait d’intégrer de nouvelles recrues, vous mettez en place un plan de formation. Vous formalisez vos process et créez un parcours d’intégration.
Vous insufflez les valeurs de l’entreprise, développez votre style et imposez les codes de bonne conduite dans votre équipe.
Tout va toujours bien : structure et organisation sont sous contrôle.
Les vagues sont plus fortes sur le rocher, entrainant inexorablement le sable autour. Mais la moule s’en accommode et continue à s’épanouir. Après tout, le rocher est là pour la soutenir. Et les goélands continuent à la saluer.
La moule s'accroche coûte que coûte au rocher.
Les techniques évoluent. Les exigences se diversifient. L’organisation devient plus complexe. L’équipe manifeste d’autres attentes. Nouvelles et anciennes générations n’ont pas les mêmes codes. La relation au travail se transforme.
Vous vous rassurez car à la dernière réunion des managers, tout le monde dit pareil.
Pour tenir, vous vous accrochez encore plus au rocher. Les turbulences vont bien finir par s’apaiser.
Cependant, sous l’assaut des vagues et le glissement du sable, le rocher s’enfonce petit à petit. L’eau salée éclabousse la moule et elle accepte. Elle considère que ça fait partie de son environnement. En revanche, les clapotis de la mer sont plus violents et la déstabilisent dans son ancrage. Mais ce qu’elle déteste le plus, c’est le sable qu’elle se prend dans les dents à chaque coup de vent. Elle perd patience et instinctivement, elle ferme la coquille. Et tout ce remue-ménage attire l’attention des goélands.
Les performances individuelles comme collectives faiblissent. Les suggestions et l’implication s’amenuisent. Les relations se distendent. La solidarité fait place à l’individualisme. L’ego remplace l’esprit d’équipe. Les premières démissions arrivent sur le bureau. L’instabilité s’installe.
Vous renforcez vos procédures, votre contrôle, votre présence.
Vous cadenassez votre organisation. Vous ancrez votre vision, votre stratégie.
Vous défendez et argumentez votre point de vue. Comme si vous étiez coupable de la situation.
La confiance s’éloigne, laissant la place au doute.
La moule ou le rocher?
Je vais vous rassurer tout de suite. Il n’y a pas lieu d’incriminer la moule, ni de qualifier le manager comme mauvais.
Le problème réside dans le syndrome de la moule : s’accrocher coûte que coûte au rocher.
Et donc ?
Comme tout système, s’il ne s’adapte pas, ne prend pas en compte les changements d’environnement, il s’épuise jusqu’à parfois se détruire.
On change de manager alors ?
Plutôt radical comme solution.
Rien n’est perdu non plus. La solution de changer ses méthodes est tout à fait possible. En quelque sorte, changer de rocher.
Mais pour cela, le manager devra :
Prendre conscience qu’il s’accroche obstinément à son rocher et que cette situation ne peut plus durer
Accepter l’idée de lâcher le rocher même s’il le connait très bien et le trouvait jusque là confortable.
Comprendre pourquoi le rocher ne convient plus et en quoi il génère de l’insatisfaction
Intégrer que lâcher est nécessaire pour évoluer vers un nouveau rocher
Actionner et se décrocher du rocher
... Ou pas.
Et il reste dans sa coquille accrochée au rocher.
Pourtant des rochers, il y en a plein d’autres. Promis.
Accrochez-vous à GEN&SIS et je vous les ferai découvrir.