« Le changement c’est maintenant. »
Cette phrase emblématique a été lancée par François Hollande trois mois avant le premier tour des élections présidentielles de 2012.
Ce slogan a-t-il été décisif dans sa victoire du 6 mai 2012 ? Certainement. En tout cas il est reconnu comme étant un bon coup marketing et de communication.
Cette ode au changement est reprise aussi de manière très subtile par l'opticien Kris dans sa campagne pub de 2009 : « Avant j’étais/j’avais …, mais ça c’était avant ». Laissant apparaitre une personnalité portant juste une paire de lunette.
Intégrer le changement est devenu le mouvement nécessaire à la réussite et au développement.
Cette promesse d’un avant-après qui changera ta vie et te permettra de toucher du doigt le bonheur absolu.
Et pour bien marquer l’importance de ce changement, on y associe les termes de « courage » et le tout dans la force d’y croire.
« Il faut beaucoup de courage pour changer ta vie. Le secret est d’y croire ».
Bref, c’est du costaud et si tu n’as pas le mental d’un guerrier, le changement ce n’est pas pour toi.
Il faut dire que lorsqu’on tape le mot changement sur internet, les images sont assez explicites.
Et notamment celle représentant la Courbe du Changement de Kübler Ross.
Première vision : la courbe est incurvée vers le bas.
Ha! Donc la promesse passe d’abord par un plongeon.
Vient ensuite l’analyse des différentes étapes. D’abord les descendantes. Une dégringolade passant par le déni, la colère, la négociation et la dépression.
Ha oui! Quand même! Ca peut aller jusqu'à une sorte de dépression?
Puis la courbe ascendante pour laquelle le mot courage prend tout son sens : acceptation, expérimentation, décision et intégration.
Et attention, le truc pour bien réussir son changement, c’est de ne pas rester trop longtemps au fond de la courbe. Donc c’est normal si à un moment donné de la mutation, tu ne le vis pas trop bien. Néanmoins tu as intérêt à donner rapidement un bon coup de talon si tu veux remonter sur la terre ferme.
Pour enfoncer le clou, on a collé sur cette même courbe et les mêmes étapes tout le processus de… deuil !
Bonjour l’ambiance. Pas très sexy cette histoire du changement. Moi, perso… j’hésite à y aller.
Même les R.H. sont bien conscients de la difficulté d’intégrer le changement dans les entreprises; Depuis quelque temps on recherche des « Change Manager » ou des « Facility Manager ».
Alors comment vivre le changement sereinement ?
Tout d’abord, il faut distinguer
le changement qu’on décide
le changement qu’on subit.
La douceur du changement décidé.
Dans ce premier, et le plus sain, le changement est de l’ordre de la survie et donc de l’adaptation.
A trouver une alternative face à une situation devenue insupportable.
A sortir d’un état de soumission et de prendre le contrôle de son devenir pour un meilleur avenir.
A réagir face à une problématique récurrente et parfois destructrice.
C’est juste la réponse à un « STOP, ça suffit ».
C’est ainsi que certains vont abandonner une carrière offrant sécurité financière pour mettre fin à l’oppression du stress. Et se tourner vers une activité dont le bénéfice de la gratitude instantanée aura plus de valeur que celle monétaire.
Ou d’autres mettront fin à une relation de couple car la séparation de leurs chemins les a précédés. Et favoriser une relation à soi-même ou plus en adéquation avec leurs désirs ou besoins.
Ou comme nous pouvons l’observer à la suite d’un burn-out, ou encore lors des deux dernières années de pandémie, le choix de changer de statut professionnel et d’embrasser une carrière dans le salariat ou l’entreprenariat.
Ces trois exemples sont plutôt d’ordre du changement de vie. Certainement issus d’un long processus de remise en question, de ras-le-bol menant petit à petit au point inéluctable du non-retour.
Autre type de changement. Celui touchant l’environnement.
Il peut simplement être géographique. Allant d’une transhumance entre milieu rural et urbain. A celui plus conséquent d’une migration vers une autre région ou même de pays.
Il peut aussi être professionnel en changeant d’entreprise. Ou alors de fonction au sein de la même entreprise.
Qu’il soit de vie ou d’environnement, lorsqu’il est sous notre contrôle, ces types de changement sont plutôt perçus et vécus comme salutaires. Comme un « Libéré. Délivré » chanté par la fameuse Reine des Neiges (ne me remerciez pas… c’est avec plaisir).
Même décidé, la courbe du changement peut néanmoins être vécue. Elle se positionnera alors plutôt en amont de la prise de décision du changement concerné. Elle amènera à la résultante d’un cheminement menant à un passage à l’action pour mettre fin à un état de fait ou d’être.
La notion de courage, elle, viendra plutôt soutenir la prise de décision d’opérer ce changement.
Et pour compléter ce processus, la force de croire en ce changement comme étant positif motivera à opérer toutes les transformations nécessaires pour aboutir.
Ce processus est très bien expliqué par Brigitte André dans son livre « Devenez qui vous êtes » par La Méthode du TrajetTM (1)
Et pour le changement subit ? C’est aussi tout en douceur ?
Je vais être honnête, parfois c’est la soupe à la grimace.
Le côté amer du changement subit.
Souvent il échappe complètement à notre contrôle. Il vient de l’extérieur. Il s’impose par lui-même ou nous place au pied-du-mur.
Le changement technologique est un des plus courant.
Un des meilleurs exemples : le changement d’un ERP ou l’intégration d’un nouveau programme informatique.
Alors deux possibilités de réaction ;
La première est celle qui entrevoit le « Libéré. Délivré »(2) de l’ancien système. Alors même si les personnes n’ont pas pris part à la décision de ce changement, elles le perçoivent comme la solution salvatrice. Elles s’appliquent alors à poser une passerelle entre les deux bords de la courbe et de traverser le tout avec un esprit tout à fait positif et constructif.
La deuxième est celle dont l’alarme « atteinte à zone de confort » retentit comme une sirène d’attaque imminente.
Alors sur le fond, les personnes ne sont pas contre le changement car, en effet l’ancien devenait obsolète. Néanmoins une série d’objections vont apparaitre.
Souvent de timing
« Oui mais tu comprends, ce n’est pas le bon moment » ;
« Et puis on n’a pas le temps pour tester » ;
« On n’a pas l’habitude avec le nouveau programme. On va perdre du temps ».
Aussi sur la méthodologie
« Quoi, je ne peux plus faire Alt+Alt Gr+Maj+4 ! Je dois simplement faire F12. Oui mais ça change toutes mes habitudes ça » ;
« Ha il y a cette case obligatoire à remplir maintenant ? Parce que ça sert à un autre service ? Mais moi je m’en fous de cette information » ;
« Comment ça il y a un contrôle automatique des données. C’est pour me fliquer c’est ça ? »
On la sent bien la pente descendante. Le grand plongeon en terre inconnue à l’instar de terrain connu. Clairement dans cette configuration, le processus de la courbe s’installe en aval du changement proprement dit
Vient alors le temps des négociations pour garder encore un peu de l’ancien. Puis aussi celui de la dépression. Elle peut se traduire simplement par l’absence d’implication comme sabotage inconscient.
Dans une telle configuration, l’amorce de la phase ascendante de la courbe par l’acceptation est la plus ardue pour le manager. Il peut remonter ses manches.
Je vous laisse imaginer quand le manager lui-même est déstabilisé par ce type de changement. C’est une entreprise entière qui peut remonter ses manches.
Et puis il y a le changement à chargement lent. Celui qui s’opère sans qu’on s’en rend compte. Jusqu’au jour où on prend conscience que quelque chose n’est plus pareil.
On va plutôt retrouver dans cette catégorie les changements sociétaux.
La parentalité, le couple, la communication, l’orthographe, les relations, la culture et sa traduction dans les différentes générations.
Dans le monde de l’entreprise, les changements liés aux différentes générations commencent à percuter de plein fouet les consciences.
En effet, il y a encore à peine 25 ans, on avait les « anciens » et les « jeunes ». Avec l’allongement des temps de carrière et des durées plus restreintes par génération (3), il peut avoir en 2022, jusqu’à 4 générations dans un même service.
Entre les baby boomers de plus de 58 ans. La génération X se situant entre 42-57 ans. La génération Y des 27-41 ans et la génération Z de moins de 27 ans, la perception des différences générationnelles est immanquable.
L’enjeu managérial et du leadership résidera en grande partie demain dans nos entreprises sur ce sujet. Le management intergénérationnel.
Comment maintenir la motivation et la curiosité des générations BB et X ?
Comment répondre aux attentes de sens, d’autonomie et de cadre-souple pour les générations Y et Z ?
Sans compter que la plupart des managers et leaders sont des générations BB et X.
Sans oublier d’évaluer avec justesse leur niveau de souplesse face à l’intégration du changement.
Alors on est foutu face à tous ces types de changement ?
Bien sûr que non sinon il y aurait belle lurette que toute idée d’évolution et d’innovation aurait été abandonnée.
Néanmoins, adopter un état d’esprit propice au changement est un prérequis.
Tu veux savoir comment ?
En commençant déjà par te positionner avec les 3 postures suivantes :
intelligence cognitive & émotionnelle;
entrainement;
préparation personnelle.
Appréhender le changement par le biais de l’intelligence cognitive et émotionnelle.
Au niveau cognitif, je t’ai déjà ouvert quelques portes sur les différents types de changement (décidé ou imposé). La perception douce ou amère de chacun. Et surtout du comportement observé par rapport à la courbe du Changement de Kublër Ross.
Rajouté à cela, prendre conscience et comprendre les attentes et les besoins pour chacune des générations. Le tout sous l’éclairage de l’intelligence émotionnelle nécessaire pour éviter jugement, préjugés et caricatures.
Comme « Les vieux veulent toujours se la péter avec leur savoir et expérience ». Et « les jeunes veulent juste s’amuser et sont hermétiques à l’autorité ».
L’émergence des neurosciences apporte aussi son lot d’informations et de connaissances comportementales dans ce domaine.
Le changement c’est avant tout de l’entrainement.
Sensibilisée à l’impact pouvant déclencher le mot changement, j’utilise de plus en plus les mots transformation ou amélioration continue (4). Bien que « le Changement, c’est maintenant » soit sympa et dynamique. Néanmoins ça peut provoquer l’effet inverse. A savoir « Courage, fuyons ». Episode réel et vécu notamment aux élections présidentielles françaises de 2017. Non seulement un changement radical de président et également l’effondrement du parti socialiste.
Donc attendre le bon moment pour opérer LE changement indispensable, c’est prendre le risque de le rater. Même super bien préparé.
En revanche, investir dans la transformation régulière et l’amélioration continue est une stratégie beaucoup plus performante. Et surtout avec un retour sur investissement à court terme.
En d’autres termes, intégrer des micros-changements dans le quotidien.
Bien se préparer au changement
Dans certains domaines, le changement est vraiment rapide. Même l’image des chevaux au galop pour la montée de marée dans la baie du Saint Michel s’évanouit pour faire place à une chevauchée … d’ânes.
Et toi le manager ambitieux, tu veux faire partie de la course. Pas question de te laisser dépasser par les évènements. Pas question de rester sur le carreau.
Super, tu as déjà la volonté. Maintenant
Garde ton esprit ouvert à la nouveauté.
Aiguise ta curiosité pour un management moderne et adapté aux nouveaux défis.
Investit dans ton développement professionnel.
Car tu l'as bien compris, un changement bien accompagné et intégré tout en douceur passera par ton authenticité.
Et tu pourras mener efficacement ton équipe vers les objectifs fixés par la direction en toute sérénité.
Et tout cela n'a pas de prix.
Pour conclure, je te partage cette citation d'Einstein:
« La folie c’est de faire tout le temps la même chose et s’attendre à un résultat différent ».
Alors...
Es-tu prêt pour la transformation managériale de demain ? »
(1) "Devenez qui vous êtes" - Brigitte ANDRE - Ed. L'attitude des Héro
(2) C'est toujours avec plaisir
(3) La durée d'une génération humaine correspond à un cycle de 25 ans. Les dernières générations sociales tournent autour de 15 ans.
(4) Pour ceux qui décrochent à ce moment, le mot "changement" est repris 48 fois dans cet article